Bourse du commerce – une seconde d’eternité

Il m’a fallu du temps, beaucoup de temps, avant de finalement décider de me rendre dans ce que le Tout Paris qualifie de nouveau temple de l’art contemporain. C’est fait. On ne m’y reprendra pas de si tôt.

Bourse du commerce – l’Histoire

On peut remercier François Pinault. La Bourse du Commerce qui végétait dans ses vieux oripeaux de lieu d’échange mercantile renaît enfin. Et on peut s’émerveiller de sa beauté. La verrière qui culmine à quarante mètres de hauteur.

La coupole et son extraordinaire fresque dont les cinq auteurs, qui se sont partagé les 140 mètres, glorifiaient alors le capitalisme naissant. Les ferronneries des balcons intérieurs.

L’escalier à double révolution du Camus de Mézières qui permettait de faciliter la circulation entre stockage et déstockage des sacs de céréales. La salle des machines en sous-sol. Bref, ce véritable manifeste de l’architecture parisienne du 16e au 19e siècles méritait de briller de nouveau. Il fallait pour cela lui trouver une nouvelle fonction … et pas mal d’argent. Cela tombait bien, le richissime François Pinault cherchait un lieu pour y montrer le fruit de six décennies de collections d’art contemporain … et sans doute aussi pour répondre du tac au tac à la Fondation de son alter ego Bernard Arnault dans le bois de Boulogne.

Bourse du commerce – art contemporain ?

Va donc pour un musée d’art contemporain ! Pour cela, la seule rénovation de ces lieux historiques ne suffisait pas, il fallait y poser « un geste architectural ». On fit donc appel à Tadao Ando … et on bétonna. Un énorme cylindre de béton fut construit à l’intérieur du bâtiment. Par chance, il est invisible de l’extérieur. Le lieu devenait ainsi « propice », comme on peut le lire sur les panneaux explicatifs, à y exposer des œuvres d’art de notre temps. Et c’est là que je prends le risque de m’attirer les foudres de beaucoup d’admirateurs et de penseurs de la modernité. Parce que soyons clairs, là aussi, ça bétonne ! S’il y a bien une qualité que l’on peut accorder à ce lieu, c’est la cohérence.

Dans les salles d’exposition se succèdent des œuvres conceptuelles, la plupart du temps exemptes de toute quête de beauté, et dont le point commun est de nécessiter un discours pour y accéder.

Un discours que l’on trouve dans la signalétique du musée dont la rédaction est à elle seule une œuvre d’art.

Ou en écoutant les médiateurs  qui commentent allègrement le lien rarement évident des créations avec la domination patriarcale, la fluidité de l’eau et de la matière, la lumière qui éclaire le monde.

J’en passe. Je ne résiste pas au plaisir d’évoquer cette œuvre monumentale composée d’ampoules dont la notice explique qu’elle peut être installée avec les ampoules éclairées ou éteintes. Et ça, ça change tout !

Bourse du commerce – une seconde d’éternité ?

Alors bien sûr, pendant une seconde d’éternité, on se dit que notre niveau intellectuel ne doit pas être suffisant pour comprendre ces sommets artistiques.

Et puis, on lève à nouveau la tête vers la coupole, les encorbellements, la subtilité des balcons.

On admire au détour d’une fenêtre la vue sur les bâtiments du Paris alentour, et on prend la décision de ne plus jamais se déprécier de la sorte.

Qu’une partie de l’art contemporain ait décidé de nous surplomber avec mépris ne nous rend pas stupides pour autant. On a le droit de trouver tout cela prétentieux et souvent laid. L’écrin méritait tellement mieux.

Bourse du commerce 2 Rue de Viarmes, 75001 Paris

N.B je partage cette opinion à 100%, mais le texte a été écrit par Clui avec qui j’ai effectué la visite.

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