Van Gogh – Antonin Artaud au Musée d’Orsay

Van Gogh – suicidé de la vie

Les expositions temporaires au Musée d’Orsay ont toujours un côté frustrant, celui d’être obligé de s’enfermer dans une salle sombre et aveugle alors qu’à quelques pas de là l’architecture de l’ancienne gare déploie ses volumes extraordinaires et s’ouvre avec majesté sur la Seine et sur le Louvre. Rajoutez à cela que les salles sont denses de visiteurs ce samedi matin, trop denses, à tel point qu’il faut se faufiler entre les groupes pour espérer lire les explications inscrites entre les accrochages.

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Heureusement, on oublie vite ces petits désagréments dès lors que les couleurs des toiles du maitre hollandais nous sautent littéralement aux yeux.
Quelle force ! Quelle violence ! Quelle beauté ! Les tourbillons de peinture recréent le ciel et les champs de blé, les orages et les astres, les cyprès et les tournesols.
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Ces toiles sont aussi familières que si elles étaient accrochées dans notre salon et c’est pourtant un ravissement que de se retrouver devant l’église d’Auvers-sur-Oise, la chambre de la Maison Jaune d’Arles, le portrait du docteur Gachet, les champs de coquelicots. On découvre aussi quelques toiles moins connues prêtées par des musées étrangers, mais aussi des croquis et des dessins.
 
Mais stop ! Ne nous égarons pas dans la contemplation béate. Cette exposition nous propose un angle de vue particulier. Ce n’est seulement une exposition sur l’oeuvre de Van Gogh, c’est la confrontation de deux destins torturés, celui du peintre et celui de l’homme de lettres et de théâtre Antonin Artaud. Artaud a passé neuf ans de sa vie en asile psychiatrique, cela lui donnait sans doute une légitimité pour écrire sur Van Gogh, ce qu’il fit. Que nous dit-il ? Que Van Gogh n’était pas vraiment fou, que son suicide est celui d’un homme poussé à bout par la société, poussé à peindre jusqu’à l’épuisement face à une société qui refuse de voir sa vérité du monde. Van Gogh serait donc le « suicidé de la société ».
 
Cette interprétation laisse perplexe. Que Van Gogh ait vu dans le monde qui l’entourait, dans les objets et dans les visages, des vérités qui, à première vue, nous échappent. Sans doute. Mais que vient faire ici la société ? Ou est donc la critique sociale dans l’oeuvre de Van Gogh ? N’est-ce pas plutôt la vie et l’absurdité du destin qui lui torture l’esprit ? Son oeuvre, construite en trois années, de 1887 à 1890, n’est rien d’autre qu’un vaste auto-portait, de son visage et de son âme. Un cri de désespoir et de solitude. Van Gogh n’est pas un « suicidé de la société », c’est un « suicidé de la vie ».
Exposition du 11 mars au 6 juillet 2014
Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
rédacteur : C Lui

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4 Comments

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    Une expo bondée en effet quelque soit le jour de la semaine. Car dès qu’on parle de Van Gogh, on s’adresse à un public large. Une expo qui ne m’a pas convaincue, même si elle m’a permis de revoir de beaux tableaux vus à Amsterdam et d’en découvrir de nouveaux.

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