Tchernobyl – deuxième jour

Tant que mon sens de l’humour me permettra de rire à ce type de plaisanterie soufflée par Lui ce matin au petit déjeuner, je pourrai dire que tout va bien !

09h05 quatre patients dans la salle d’attente. La ponctualité militaire dont j’ai félicité mon infirmier hier semble potentiellement remise en question ;

aparté : il faudrait que je pense à lui demander son nom; curieux cet anonymat semi entretenu, je vais quand même le revoir tous les jours pendant six semaines, autant pouvoir l’humaniser en mettant un nom, voire un prénom sur ce visage; et puis lui sait tout de moi, pas très équilibré tout ça…!

Revenons à la salle d’attente: je me pose une question: pensent-ils qu’il est préférable que notre tête explose pour des raisons extérieures plutôt que par des pensées qui s’installeraient là sournoisement, et est ce donc la raison pour laquelle un vacarme qui ne mérite absolument pas le qualificatif de « musique » nous est imposé? Le souvenir qui me vient l’esprit est celui de cette douce musique apaisante qui accompagnait mon premier massage à l’Ile Maurice: voilà un centre de bien être qui avait compris ce qui signifie « associer bien être de l’âme et du corps »! Ce Val de Grâce a encore beaucoup de marge de progression; disons que dans l’immédiat je ne suis pas sure de le recommander à mon entourage!

quelle image va m’accompagner aujourd’hui alors que je serai allongée sur cette table glaciale …? bon, d’accord, je force un peu le trait, pour accentuer la dimension dramatique de la narration! Ca marche, non? Hier, donc, ce sont les dauphins mauriciens qui me sont apparus, peut-être parce que l’obscurité ambiante de la salle de traitement m’a évoqué les fonds marins? Bof!

Tiens, 09h16! Ponctualité militaire, mon oeil! Je les ai pris sur le fait!

Puisque le retard devient démesuré – j’exagère légèrement à nouveau, mais comment maintenir le suspens sinon?!, je vais donc débuter une étude des relations humaines en situation « In Situ ».

Lors de l’annonce de la nouvelle situation (genre: absence du bureau, ou annulation des vacances, ou nécessité de faire un traitement de sureté post opératoire) , c’est la malade, l’ex malade en fait, qui doit rassurer, voire réconforter, au risque, si la chose n’est pas faite, de voir son interlocuteur palir, tomber mollement sur une chaise si la précaution de l’assoir auparavant n’a pas été prise, ce qui pourrait mener à appeler les secours, pour l’autre…. il ne faut pas exagérer tout de même!

Mais bon, je me mets à leur place… d’ailleurs j’ai été à leur place quand mon chirurgien m’a annoncé d’un coup d’un seul qu’il avait trouvé, et totalement enlevé , une zone dite pré cancéreuse ou encore cancer insitu !(j’aime bien me l’approprier, Mon chirurgien, comme si d’un coup, je devenais SA patiente, la seule, celle dont il s’occupe le mieux, sa préférée quoi! Ahhh, ce besoin d’amour…)

Alors bon, pour en revenir à mes amis et collègue, je ne peux, finalement , que saluer leurs efforts et leur gentillesse.

Et puis le plus grand mérite revient à ma puce qui, après m’avoir abondamment reproché de ne pas l’avoir tenue informée depuis le début, est désormais parfaite, au petit bémol près qu’elle s’acharne à parler de chimiothérapie, parce que, dit-elle, « radiothérapie elle connait pas, et chimio c’est plus simple »!

09h30 ce journal sera probablement la bouée de sauvetage, et celle du personnel qui s’occupe de moi et à qui seront épargnées attaques verbales et physiques en cas de retard trop important, ma main et mon esprit étant occupés ailleurs!

Ma quête de sommets se poursuit donc aujourd’hui et Notre Dame est ma cible. L’idée même de rendre visite aux gargouilles me remplit d’aise!

Enfin, c’est terminé pour aujourd’hui; mon infirmier me quitte sur un « bonne fin de journée » tonitruant; il faudra que je lui explique qu’en aucun cas il ne s’agit d’une fin mais d’un début! Ma journée, passionnante, riche en découvertes et nouvelles aventures, débute après ce quart d’heure qui semble durer une éternité… ah , l’importance des mots, des tournures de phrases, même quand elles sont chargées de bonnes intentions, ce dont je ne doute pas un instant dans son cas!

Me voici donc sur l’Ile saint Louis, où j’ai trouvé une place pour me garer sans aucune difficulté (vive l’été à PARIS!).

L’Ile Saint Louis: je sais que j’ai ce qu’il faut en moi pour appartenir à cette élite que sont « les insulaires » – car c’est ainsi qu’on nomme ses habitants! Je sais apprécier ce village, si calme le dimanche matin quand les hordes de touristes ne l’ont pas encore envahie; je sais apprécier chaque porte cochère entrouverte, la rareté de son dernier Jeu de Paume transformé en hôtel , séparer le grain de l’ivraie en ce qui concerne sa multitude de restaurants, certains aussi authentiquement parisiens qu’un Vuitton fabriqué en Chine, et d’autres où les plats sont véritablement élaborés en cuisine et le service attentif (je sens que vous attendez une ou deux adresses…patience…).

Les commerces ne peuvent pas on plus laisser indiférents: on y trouve tout, du fromager qui fait rêver tout américain n’ayant jamais vu autre chose dans sa vie que des fromages sans goût ni parfum, à l’antre brésilien du bijoux multicolore en résine (SOBRAL79 rue saint Louis en l’Ile).

Je suis donc attablée au « Flore en l’Ile », me permettant ainsi une vue sur les deux bras du fleuve qui enlacent l’Ile de la cité (je me sens d’humeur poétique , c’est pour trancher avec la dimension dramatique des épisodes précédents!) Les lettres d’or de la brasserie qui me fait face scintillent au soleil…. (bon, bon, j’arrête le poétique à trop haute dose, à la longue, cela peut finir par lasser!)

Alors, pour aujourd’hui, l’opération « prendre de la hauteur » est restée coincée au sol: mon optimisme naturel me conduisant vers Notre Dame que je m’apprêtais à escalader vaillement m’a fait oublié les hordes de touristes qui, pour un tas de raisons diverses et variées, avaient eu cette mêm idée! Le choc quand je les ai vus là, gentillement alignés sur 500m, attendant patiemment leur tour…! Trop peu pour moi, ce sera pour une autre fois!

Je me suis donc enfoncée dans les rues moyennageuses de cette île historique, berceau de notre belle ville !

J’ai enfin pu admirer la rue de la Colombe, dont j’avais tant de fois croisé l’histoire: un nid de colombes, vers 1200, coincé dans les débris de la maison qui l’abritait après qu’elle s’était écroulée, tuant l’artisan qui l’habitait; le mâme, ayant réussi à s’extriare, portait tous les jours brindilles et aliments à madame et ses petits; ce sont les habitants du quartier, qui, émus par cet amour et ce dévouement, avaient demandé à renommer la rue, et ce fut chose faite!

Demain, premier déjeuner avec une amie, une vraie, celle qui ne me veut que du bien .

Je reviendrai sur la catégorisation des amies en In Situ!

a demain!

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