Des journées entières dans les arbres

Des journées entières dans les arbres, de Marguerite Duras, à la Gaité-Montparnasse.

Ardant

Une soirée au théâtre c’est une expérience culturelle complète, un moment à savourer du début à la fin.

Au théâtre de la Gaité-Montparnasse, cette expérience commence de façon plutôt sinistre. Vous arrivez une demi-heure avant le début du spectacle, on vous demande de revenir plus tard. Ensuite, on s’agglutine dans un couloir sombre et étroit. « Corbeille à gauche, orchestre à droite » s’égosille une jeune femme dans la loge à l’entrée. On piétine. Un ouvreur organise un goulot d’étranglement très efficace. On s’approche enfin de la salle. Sur un écriteau, on peut lire quelque chose du genre : « Ne prenez pas de photo sous peine d’expulsion de la salle. » Accueillant. A l’intérieur, la moquette est immonde, les fauteuils déglingués, l’atmosphère poussiéreuse.

Et la pièce me direz-vous ?

Faisons abstraction de cet environnement et goûtons donc au texte de Duras et à l’interprétation de Fanny Ardant. C’est l’essentiel finalement. Oui mais, le manque de moyens n’empêche pas seulement de moderniser la salle, la mise en scène en pâtit aussi. Pratiquement aucun décor, des enchaînements longs entre les scènes avec une musique pas toujours à propos. Bref, c’est « cheap » sur toute la ligne.

La pièce quant à elle est déprimante. Une mère tyrannique, mythomane, un peu cinglée, vient revoir « avant de mourir » son fils qu’elle n’a pas vu depuis 5 ans. Lui est un loser, joueur maladif, gigolo, plutôt inculte, qui vit avec une prostituée dans un appartement minuscule. Il n’y a que des victimes dans ce drame. Le fils traumatisé, battu pas sa mère, sacrifié, déscolarisé, qui se noie dans le jeu. La mère, obsédée par l’argent, mais ruinée par son fils. Sans parler de la sœur que l’on ne voit pas mais dont on devine le calvaire. Quelle horreur ! Pas une lueur d’espoir dans ce monde-là. Les colonies lointaines ne sont plus que l’ombre de leur grandeur passée et Paris ressemble à un bouge. A croire que le théâtre a été choisi exprès pour être en accord avec la pièce !

Les acteurs font de leur mieux certes. Fanny Ardant donne du relief à ce personnage de mère cruelle et pathétique, mais elle a du mal à se détacher de son personnage habituel. Elle fait du Fanny Ardant.

J’ai juste un doute, je me demande si j’aurais été moins négatif si la moquette avait été propre …

 Rédacteur : C LUI

 Pièce de Marguerite DURAS

Mise en scène : Thierry KLIFA
Avec Fanny ARDANT, Nicolas DUVAUCHELLE, Agathe BONITZER et Jean-Baptiste LAFARGE

Théâtre de la Gaîté Montparnasse 

26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tél. 01 43 20 60 56

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