Jacques Weber est Flaubert au Théâtre de l’ Atelier

EDIT : la dernière représentation se déroulera le 25 juillet 2015
Jacques Weber rentre dans la peau de Gustave Flaubert durant tout l’été.
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On avait quitté Jacques Weber il y a quelques mois dans « Hotel Europe » de Bernard Henri-Lévy, dans la peau d’un écrivain/philosophe éructant maladroitement contre la bêtise de ce monde.
Le re-voici prêtant sa voix et son corps massif à un autre écrivain, l’auteur de Salambô et de L’éducation sentimentale, Gustave Flaubert.
Et cette fois, on y croit tout à fait. L’ermite normand, enfermé dans son manoir, obsédé par sa production romanesque, refusant de se rendre à Paris où sa bien-aimée Louise le somme pourtant de se rendre, ne s’offrant que de rares escapades à Rouen pour rendre visite « aux filles », il semble bien nous faire face, là sur la scène du théâtre de l’Atelier.
Flaubert a écrit bien plus de lettres que de livres. Quelques romans seulement et des centaines de missives, à Louise bien sûr, mais aussi à des lectrices, des admiratrices, à ses collègues écrivains, à son amie Georges Sand, et à beaucoup d’autres. C’est donc naturellement dans cette abondante correspondance qu’a puisé Arnaud Bedouet pour dessiner le portait de l’auteur.
En fait de portrait, c’est plutôt une longue complainte. Gustave n’a plus foi en grand chose, en dehors de son art et de son talent. Les attentes des femmes vis-à-vis de l’amour l’exaspèrent. « L’amour après tout n’est qu’un curiosité supérieure, un appétit de l’inconnu qui vous pousse dans l’orage, poitrine ouverte en tête en avant ». Les honneurs le rebutent. S’il rêve de se voir élire à l’Académie Française, ce n’est que pour imaginer un tonitruant discours de refus. « Nos gouvernants sont des dindons qui passent pour des aigles et font la roue comme des paons. » La société toute entière ne trouve plus grâce à ses yeux, et encore moins le système politique qu’il a vu osciller toute sa vie de la monarchie à la démocratie, en passant par la dictature et le chaos. « Tout le rêve de la démocratie est d’élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. »
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Jacques Weber interprète Gustave avec le brio qu’on lui connait. On peut simplement avoir un regret. Weber ne se complait-il pas dans la facilité de ces one man show ? On aurait envie de voir l’acteur donner la réplique, rejouer dans Cyrano ou dans Don Juan. Un acteur solitaire, fut-il un immense acteur, risque à la longue de prendre trop de place et de n’en laisser que trop peu à ses personnages.
Article écrit par C Lui
photos par Kim Weber
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
RÉSERVATIONS : 01 46 06 49 24

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