Tout est à refaire

Tout est à refaire – Théâtre de la Madeleine

Tout n’est pas à refaire entre Gérard Darmon et Philippe Lellouche. Ces deux-là s’entendent comme deux vieux copains, des amis de quarante ans qui comptent bien le rester encore longtemps. Et c’est précisément le dialogue entre deux amis qu’ils ont écrit, mis en scène, et qu’ils interprètent sur la scène du théâtre de la Madeleine.

Tout Est A refaire
Tout Est A refaire

Alors soyons plus précis c’est Philippe qui a écrit, Gérard qui met en scène et Gérard et Philippe qui se partagent tous les rôles, masculins et féminins de la pièce. Enfin, tous les rôles, pas exactement.

Car pour faire éclore cette réflexion sur l’amitié et le temps qui passe, il fallait une petite dose de vraie féminité, un catalyseur, une poudre de perlimpinpin, un brin de fraîcheur, un coup de baguette magique.

Et c’est le rôle campé par la très jolie Ornella Fleury. Serveuse dans le bar où les deux compères se plongent avec complaisance dans la nostalgie autour d’un scotch pour l’un et d’un diabolo menthe pour l’autre, elle les met au défi de revivre les moments difficiles de leur vie et pour cela elle agite une petite clochette à faire remonter le temps … c’est la fée clochette.

Vous l’aurez compris, « Tout à refaire » est une comédie sans prétention qui s’appuie sur le jeu d’un trio sympathique qui prend plaisir sur scène. Ce genre de pièce ne se juge pas à l’applaudimètre final – en l’occurrence il fut excellent, plusieurs minutes de rappels – mais surtout au « rigolomètre » tout au long du spectacle, et là pas de doute, l’instrument de mesure n’a cessé d’indiquer le beau fixe.

Le texte de Lellouche est drôle et sensible. Darmon est dans son univers, toujours avec le « Cœur des hommes » au bout des lèvres. Ornella Fleury est radieuse. En regardant la biographie de Philippe Lellouche, je vois que son premier texte au théâtre en 2004 s’appelait « One man show à trois », et bien « Tout à refaire », c’est exactement cela.

Théâtre de la Madeleine
19 rue de Surène
75008 Paris

écrit par C lui

CULTIVAL – pour découvrir Paris autrement

Cultival permet de découvrir la ville dans ses endroits les plus secrets.

Ainsi, prenons la Tour Eiffel.

Tout le monde connait, ou plutôt, croit connaitre. Parce qu’avec Cultival, la visite prend une toute autre dimension.

Pour commencer, rendez-vous au pied de la tour Eiffel. Mais au lieu de partir à la découverte de la dame de fer, on lui tourne le dos pour s’en éloigner et descendre sous terre, là où une partie capitale de son histoire réside.

visite Cultival - la tour Eiffel
visite Cultival – la tour Eiffel

Pas de dentelle de métal ni de vue spectaculaire, mais l’histoire de ce qui a permis à cette merveille de perdurer, elle qui était initialement vouée à disparaitre. En effet, c’est par le Bunker du Champs de Mars, anciennement dédié aux communications militaires, que commence la visite.

Un peu d’histoire si vous le voulez bien.

La Tour Eiffel a donc été construite à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, qui était certes universelle, mais célébrait surtout l’anniversaire du centenaire de la révolution française.

C’est un ingénieur  Suisse qui a l’idée de la Tour de Millepied, premier nom de ce projet de construction qui pourra porter le plus haut possible un drapeau.

L’exposition universelle remporte un grand succès. La tour Eiffel est à cette époque la tour plus haute du monde et les gens de tous pays se rendent au cœur de la Capitale française pour admirer ce chef-d’œuvre architectural.

Le public se presse pour découvrir  une vue sur Paris inédite puisqu’on ne connaissait pas encore la vue d’avion.

C’est grâce à Gustave Eiffel, qui  abandonne toutes ses activités pour se dédier à la tour, qu’elle fut maintenue et sauvée de la destruction ou du déplacement qui la guettait.

Destinée à durer seulement 20 ans, ce sont les expériences scientifiques qu’Eiffel favorisa et en particulier les premières transmissions radiographiques, puis de télécommunication qui la sauvèrent. Signaux radio de la Tour au Panthéon en 1898, poste radio militaire en 1903, première émission de radio publique en 1925 avec Yvonne Printemps et son mari Sacha Guitri, puis la télévision jusqu’à la TNT plus récemment.

C’est dans ce bunker que l’on découvre l’ensemble des couleurs qui ont revêtu la Tour. A l’origine rouge, couleur de la révolution, elle s’est parée de diverses teintes allant du jaune au « brun Eiffel » d’aujourd’hui, couleur déposée depuis 1968.

C’est aujourd’hui le maire de Paris qui décide la couleur puisqu’en 1980 la ville de Paris récupére la gestion de la Tour Eiffel .

Revenons en à cette tour qui se veut un hommage à la science et la technique selon le voeu de Gustave Eiffel qui choisira lui même les 73 noms écrits en doré tout autour du 1er étage.
La visite Cultival se poursuit au coeur de la Tour, plus précisément son pilier Ouest.


Là se trouvent les ascenseurs historiques de 1900.
A l’origine leur était fonctionnement hydraulique et une galerie avait été construite pour l’exposition de 1900 pour permettre de découvrir cette nouvelle technologie. La galerie a été conservée, même si elle est désormais nettement mieux sécurisée ! des schémas expliquent en détail le fonctionnement de ce système.

La suite de la visite mène cette fois au deuxième étage, là ou personne ne peut aller sans guide privé, et là où de nombreux films ont été tournés, bénéficiant de la vue spectaculaire. C’est là aussi que se trouvent les éoliennes installées sur la tour.

La prochaine fois que vous souhaitez découvrir un lieu culte de Paris, mais sous un nouvel angle, et dans des conditions de visite parfaite ( pas de file d’attente, guide privé) , vous saurez que Cultival vous propose un large choix de découvertes.

Tour Eiffel Champ de Mars, 5 Avenue Anatole France, 75007 Paris

L’Opéra n’attend que vous – #ONP1617

L’Opéra n’attend que vous. C’est le nouveau slogan de l’Opéra National de Paris qui présentait hier sa saison 2016 / 2017

Ce sont plus précisément Stéphen Lissner, le directeur de l’Opéra National de Paris, Philippe Jordan, Directeur musical, et Benjamin Millepied, Directeur de la danse, qui ont fait cette présentation.

Benjamin Millepied avec le directeur et le directeur musical
Benjamin Millepied avec le directeur et le directeur musical de l’Opéra National de Paris – crédit photo http://www.unitedstatesofparis.com

Bien sur, la démission récente de Benjami Millepied était dans tous les esprits, et dans le mien en particulier. Il a insufflé à cette institution un vent de fraicheur, le dynamisme de sa jeunesse et de son enthousiasme .

Il ne savait pas que c’était impossible alors il l’a fait pourrait décrire son passage éclair.

C’est d’ailleurs Stéphen Lissner lui même qui a reconnu :  » il y aura un avant et un après « .

C’est donc sur sa présentation que je me concentrerai ici. Parce que grâce à lui, j’ai découvert ce que je n’avais pas imaginé  trouver à l’Opéra de Paris : le renouveau, la modernité chargée d’émotion. Et le ballet de la Batsheva company qu’il avait invitée m’a donné soudain une envie frénétique d’en voir encore et encore !

Il a donc accompli la mission fixée par le directeur de l’Opéra : attirer de nouveaux publics.

Il a invité des troupes étrangères lors de la saison précédente, et c’est ce qu’il fait à nouveau pour cette nouvelle saison. Bon nombre d’artistes contemporains collaboreront également pour la première fois avec le Ballet de l’Opéra de Paris.

Ainsi, Philippe Parreno, artiste français contemporain que Benjamin Millepied a rencontré lors d’une performance au Palais de Tokyo : il collaborera à une des deux créations de Benjamin Millepied.

La canadienne Crystal Pite sera à l’honneur pour cette saison 2016 /2017.

Elle investira pour la première fois la scène de l’Opéra avec une pièce conçue sur une musique de Max Richter inspiré de Vivaldi.

Tino Sehgal travaillera lui aussi pour la première fois avec le ballet de l’Opéra qu’il mettra en scène dans les espaces publics du Palais Garnier, ainsi que dans la grande salle. Déplacer le spectacle pour le faire pénétrer dans les salons et couloirs du Palais, j’adore : je ne raterai ça pour rien au monde !

Deux compagnies internationales seront donc invitées cette année : l’American Ballet Theatre avec La Belle au bois dormant, et le Semperoper Ballet, Dresden.

En résumé, et même si je ne vous ai pas tout dit, vous comprendrez que la signature de Benjamin Millepied est reconnaissable sur cette nouvelle saison, et je m’en réjouis d’avance.

Opéra de Paris

Palais Garnier Place de l’Opéra 75009 PARIS

Opéra Bastille Place de la Bastille 75012 PARIS

Merci Alexandre pour cette photo #ilmeregardedroitdanslesyeux !

 

Anselm Kiefer au centre Pompidou

Anselm Kiefer est au centre Pompidou

Le Centre Pompidou nous propose une rétrospective de l’oeuvre d’Anselm Kiefer.
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Préparez-vous à subir un choc. Une dizaine de salles où l’on retrouve les toiles monumentales chargées de matière du peintre allemand, ses livres ouverts carbonisés, ses vitrines foisonnantes d’objets étranges sur le thème de la l’alchimie. On en ressort secoué.
La date et le lieu de naissance d’un artiste sont rarement des détails sans importance. Anselm Kiefer est né en 1945, dans le sud de l’Allemagne, dans un pays en ruine, dans une génération qui pense nécessaire d’occulter son passé pour s’inventer un avenir. Anselm Kiefer fait précisément de cette absence d’Histoire, de ce vide, le matériau essentiel de son oeuvre. Il refuse de voir la période nazie comme une parenthèse, une période en suspension, détachée du reste de l’Histoire allemande, ni comme un mur qui empêcherait de regarder en arrière. Ses toiles replongent dans les racines de la mythologie allemande, au coeur de ces grandes forêts sombres où les peuples germaniques ont toujours situé le lieu de naissance de leur âme et leur culture.
Il y a une puissance créative extraordinaire dans les toiles de Kiefer. Rien de lisse. C’est de la matière en fusion. De la peinture, de la glaise, du plomb. On y entre comme dans un paysage hostile, angoissant. Un chemin de terre ou une voix ferrée nous entraine au loin, vers l’horizon, dans une perspective infinie, ou vers le fin fond de bois obscurs. Ou bien c’est une échelle qui s’élance vers les cieux inamicaux.
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Les inspirations de Kiefer sont obsessionnelles. Les opéras wagnériens, le romantisme allemand, les ruines, l’architecture d’Albert Speer, les poésies de Paul Celan et d’Ingeborg Bachmann qui se font écho, celle du juif roumain dont les parents sont morts à Auschwitz et celle de la fille du directeur d’école protestant membre du parti nazi, et puis il y a la kabbale, la mystique juive et l’alchimie. L’univers est sombre, les fleurs sont de poussière, la bile noire s’écoule. Les personnages viennent des ténèbres, comme Lilith, le démon sexuel et femme fatale de la tradition juive.
Au milieu de ses toiles, Kiefer se met en scène. Dans ses toiles de jeunesse qui l’ont rendu célèbre, il porte l’uniforme de l’armée allemande de son père et fait le salut nazi.
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Dans ses dernières productions, on le voit allongé, tel un corps mort, au milieu d’une forêt ou devant une pyramide. Le tragique de la vie humaine prend le pas sur celui de l’Histoire. 
 
L’exposition se termine par des oeuvres récentes où il continue de s’interroger sur l’essence de sa « germanité ». Anselm Kiefer a soixante-dix ans. Il n’a pas terminé son oeuvre.
Centre Pompidou
du 16 décembre 2015 au 18 avril 2016
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
Article écrit par C Lui !

Jonone est chez Guerlain

Jonone envahit le 68 Avenue des Champs Elysées – flagship de la Maison Guerlain – et revisite le superbe flacon Les Abeilles.

Jonone Guerlain
Jonone Guerlain

C’était donc hier, inauguration de cette exposition des oeuvres de Jonone au sein de la Maison Guerlain des Champs Elysées, désormais familière du fait artistique puisqu’elle accueille régulièrement oeuvres et artistes.

J’ai donc pu admirer les toiles, et croiser l’artiste !

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JonOne

De multiples oeuvres sont donc visibles, illustra,t toutes les techniques explorées par l’artiste : acrylique ou huile sur toile.

Ainsi que technique mixte.

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C’est donc au flacon Abeilles que Jonone s’est attaqué.

Il faut savoir que chaque flacon de la maison Guerlain a une histoire.

C’est le cas pour l’emblématique flacon aux Abeilles : en 1828, Pierre-François-Pascal Guerlain crée la Maison de Parfum du même nom. En 1853, c’est à l’occasion d’une commande spéciale pour le mariage d’Eugénie de Montijo avec Napoléon III que Pierre-François-Pascal crée l’Eau de Cologne Impériale et le Flacon aux Abeilles qui l’abrite.
Coup de coeur absolu pour l’impératrice Eugénie qui en devient sa meilleure ambassadrice dans toute l’Europe. Cette création particulière vaut même à la Maison Guerlain le titre de fournisseur officiel de la Cour Impériale. Le flacon aux 69 abeilles entre alors dans l’Histoire.
Mais le saviez-vous ? C’est la colonne Vendôme qui inspira à Pierre-François-Pascal Guerlain le design du flacon aux Abeilles. Les festons qui ornent le flacon sont semblables à ceux qu’on devine au sommet de la colonne que Pierre-François-Pascal apercevait
depuis son bureau rue de la Paix.

Et aujourd’hui ce flaconle terrain d’expression du célèbre Street Artist JonOne qui va se l’approprier pour laisser libre au cours à son art.

Résultat : 3 univers de couleurs pour trois fragrances qui évoquent directement l’émotion, les matières premières, la personnalité de chaque composition.

Jonone Guerlain
Jonone Guerlain

Shalimar en tons de bleus, La Petite Robe Noire en tons rosés et Rose Barbare pour les tons orangés.

Réalisés dans l’atelier de l’artiste à Paris, chaque flacon est unique et signé par JonOne. Chacun sera glissé dans un écrin collector signé par l’artiste.

Maison Guerlain 68, avenue des Champs-Élysées, Paris 8e

Du lundi 4 janvier au dimanche 28 février 2016

Entrée libre

Batsheva Dance Company à l’Opéra de Paris

BATSHEVA DANCE COMPANY

La Batsheva dance Company s’est produite pendant 4 jours sur la scène prestigieuse de l’Opéra de Paris.
 
Si vous êtes un amateur de danse contemporaine, vous en savez déjà sans doute beaucoup plus que moi sur cette troupe de ballet contemporain israélienne fondée en 1964, et rien dans ce qui suit ne vous surprendra.
 
Si, par contre, comme moi, vous ne connaissez pas grand chose aux chorégraphes de notre temps, alors, comme c’était mon cas, peut-être même pensez-vous que la danse contemporaine est à la danse ce que les performances conceptuelles, les ready-made pompeux, ou les grosses sculptures de chien en couleur fushia sont à l’art. Détrompez-vous.
 
Parce que l’art dans toute sa splendeur ne nécessite aucune explication, pas d’enseignement particulier, juste de l’émotion à l’état pur.
 
Et si vous avez la chance de vous trouver un jour dans une ville où se produit la  Batsheva Dance Company, n’hésitez pas une seconde, sautez-y, courez-y, plongez-y … Bref ne manquez cette expérience sous aucun prétexte.
batsheva dance company - photo by The Guardian
batsheva dance company – photo by The Guardian
Vous n’imaginez pas l’émotion intense que peuvent créer ces vingt corps en mouvement, que dis-je … En suspension, en lévitation, en bouillonnement, en impulsion, en révolte contre l’immobilisme, en tremblement, en turbulence, en insurrection. Vous n’imaginez pas la sensibilité, la poésie, la passion que produisent ces vingts jeunes femmes et jeunes hommes, et encore moins la fureur, la puissance, l’exaltation qui se dégagent de leurs enchaînements parfaits.
Qu’ils dansent seuls, en couple, en groupe ou que ce soit la compagnie toute entière qui entre en transe, qu’ils accompagnent le raffinement des variations Goldberg de Bach ou les explosions rythmiques de la musique électronique, on est comme hypnotisé par le contraste entre la liberté des corps, la spontanéité des mouvements, et l’harmonie de l’ensemble.
 
Les trois temps de Three, Bellus, Humus, Secus, ne durent qu’un peu plus d’une heure.
Rarement une heure aura parue si courte.
 
Une heure durant laquelle puissance et grâce s’allient dans tous ces corps, qu’ils soient féminins ou masculins.
Parce que la beauté, l’élégance, la grâce, n’ont pas de sexe.
On en redemande, mais c’est sans doute au-delà du possible, tant l’énergie dépensée doit être immense. Alors, pour se consoler, avec tout le public du Palais Garnier, comme un ensemble nous-aussi, on applaudit de longues minutes, debout, à tout rompre, pour les admirer encore, dans leur costume si simple qu’il laisse transparaître l’intensité de l’effort, et presque les battements des coeurs.
 
Il est impossible de retranscrire en mots l’émotion qui a frappé l’audience durant l’heure qu’a duré ce spectacle unique et extraordinaire. Les quelques images ci après donnent un aperçu de leur talent, mais rien ne vaudra l’heure de communion que nous avons vécue hier soir.

Alors, pour aller les admirer, suivez leur tournée et réservez ! Ils seront à Pau ce mercredi, puis à Modène, Liège, et bien sur à Tel Aviv.

Batsheva Company – Opéra de Paris

article écrit par C lui, avec quelques ajouts de ma part

A TORT ET A RAISON – Théâtre Hébertot

A TORT ET A RAISON – Théâtre Hébertot

« Vous aimez Beethoven ? … Ah c’est bien ce que je pensais … ».
A tort et A raison
A tort et A raison
Parce que lui n’aime pas Beethoven. En fait, il ne connait rien à la musique. Commercial dans les polices d’assurance dans le civil, il est bien loin de l’univers  culturel de celui qu’il va devoir interroger.
C’est pour cette raison qu’on lui a confié cette mission. Pas d’affect, aucune trace de vénération artistique envers la personne qu’il doit interroger : le grand chef d’orchestre allemand Wilhelm Furtwängler.
Lui, c’est le Commandant américain Steve Arnold (joué par le convaincant Francis Lombrail)
 
Nous sommes en 1946, l’Allemagne commence sa « dénazification ». Le commandant revient du front de l’est où il a participé à la libération des camps. Cette épreuve l’a bouleversé. Pour lui, désormais, tous les allemands sont coupables. Coupables de n’avoir rien vu, rien fait, et pour ceux qui le pouvaient, coupables de n’être pas partis.
 
Wilhelm Furtwängler, justement, est resté. Il a passivement servi le régime, sans zèle mais sans rébellion. Il a même dirigé l’Orchestre Philharmonique de Berlin en 1942 pour l’anniversaire d’Adolf Hitler. Est-il coupable ? Mais si oui, de quoi est-il coupable ?
 
Michel Bouquet prête sa voix vieillissante au chef d’orchestre qui jette ses dernières ressources dans sa défense. L’art et la musique passent au-dessus de tout. Voilà son credo. « L’art n’a rien à voir avec la politique. J’ai voulu garder intacte cette lumière, pour qu’elle renaisse quand le cauchemar serait terminé » dit Furtwängler.
 
Pendant deux heures, les deux hommes se livrent à un combat âpre, sans que l’on parvienne à trancher : qui à tort et qui a raison ? Comme dans « Collaboration » qui mettait en scène l’amitié, entachée par la guerre, de Richard Strauss et de Stefan Zwieg, l’auteur Ronald Harwood s’interroge de nouveau sur le comportement des artistes pendant la période nazie. Fallait-il fuir ou poursuivre coûte que coûte sa mission supérieure, celle de célébrer l’art ? Lorsque l’art devient un « art officiel », au service de la politique, ne s’égare-t-il pas dans les ténèbres ?
 
Pour son enquête, le Commandant américain est assisté d’un jeune homme et d’une jeune femme. Tous les deux aiment Beethoven, tous les deux aiment la musique, tous les deux admirent le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler.
Et pourtant …
Lui, le jeune juif allemand, dont les parents sont morts à Auschwitz, qui est désormais militaire américain.
Elle, la jeune allemande, fille d’un célèbre opposant à Hitler.
En somme, ceux qui sont les plus proches du drame sont ici les plus indulgents.
 
Cette répartition cousue de fil blanc des rôles est un peu trop lisible.
Il manque peut-être au texte une certaine subtilité pour paraître vraiment crédible.
On comprend trop vite les enjeux et le déroulement de la pièce ne nous en apprend guère plus.
 
Mais le théâtre a cela de particulier que la magie se niche parfois dans des pièces imparfaites.
On est pris par la force du spectacle et des acteurs qui se livrent, on applaudit, on se lève …
 
C’est ce que je retiendrai de cette pièce que je vous invite à aller voir ne serait-ce que pour le plaisir de voir un des plus grands acteurs français de notre époque sur scène. Et ceux qui lui donnent la réplique sont tout particulièrement à la hauteur !
 
Théâtre Hebertot 78bis Boulevard des Batignolles, 75017 Paris
 
critique écrite à deux mains avec C lui

Philippe Halsman – Etonnez-moi !

Philippe Halsman est au Musée du Jeu de Paume.

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Son parcours ressemble à celui d’Elliott Erwitt, à 20 ans près ! Il quitte l’Europe de l’est, chassé par l’antisémitisme, se réfugie à Paris, qu’il finira par quitter pour s’installer aux Etats Unis, à New York.
La variété de son oeuvre est immense. Il y a 101 couvertures du magazine Life, ses portraits de stars,  sa collaboration et son amitié sans faille avec Dali.

Marylin par Philippe Halsman
Marylin par Philippe Halsman
Marylin par Elliott Erwitt
Marylin par Elliott Erwitt

Pour Philippe Halsman comme pour Erwitt, Marylin fut très présente, beauté assez unique en son siècle, qui accrocha la lumière de leurs objectifs respectifs.
La retrospective du musée du Jeu de Paume nous permet de découvrir tout le parcours de l’artiste.
On commence par Paris, ses portraits, ceux d’inconnus aux visages marqués, et ceux de célébrités.
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André Gide - portrait par Philippe Halsman
André Gide – portrait par Philippe Halsman

Et puis on le suit à New York où il doit se réfugier chassé par la guerre. Il réalisera 101 couvertures pour le magazine Life, record absolu.
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Dali fut son partenaire pour des mises en scène et des photos, portraits, témoins de leur complicité.
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il travaille ses mises en scène pour des rendus saisissants, comme pour ces images prises à l’occasion de la sortie du film « Les Oiseaux » d’Hitchcock.
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Il traite l’approche de l’entretien d’embauche comme personne avant lui grâce à Marylin Monroe qui fait pâlir d’envie tout candidat potentiel à une embauche, et surtout tous les recruteurs du monde !
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Autant vous dire qu’elle a été retenue pour le poste !
Et c’est sur ses images de jumpologie que se termine le parcours.
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Une technique dont il disait qu’elle permettait à chacun de laisser transparaitre sa vraie personnalité. Il suffit d’observer la rectitude du saut de ce couple anglais, pourtant connu pour avoir enfreint toutes les règles de la monarchie.
On ressent nettement plus de liberté dans le mouvement ample de mon idole.
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Et nous finirons sur cette image du photographe lui même avec un de ses modèles que l’on devine être sa préférée.
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Musée du Jeu de Paume
Philippe Halsman Etonnez-moi! 
Du 20 octobre 2015 au 24 janvier 2016
1 Place de la Concorde, 75008 Paris
01 47 03 12 50

 

La Hune – exposition Elliott Erwitt

Elliott Erwitt est à La Hune. Je vais être directe : je l’ai rencontré, et interviewé !

Elliot Erwitt et moi !
Elliot Erwitt et moi !

Autant vous dire qu’un tel moment d’émotion, ça se savoure, et ça fait un peu perdre ses moyens !

Bref.

Rencontrer un tel monument de la photo, c’est un instant rare, mais aussi un voyage dans l’histoire du siècle, même si le mot qui pourrait définir ce grand monsieur c’est bien la modestie.

A l’entendre, la chance a été son principal atout tout au long d’une carrière unique telle que la sienne.

Elliott Erwitt – a man of few words

Le secret de ses photos, c’est lui qui le dit le mieux  :  » you have to have interest in mankind condition « 

Et c’est certainement là qu’est son secret. 

Cet homme, modestement, explique que pour prendre de telles photos, sur des sujets si divers, il a eu de la chance… De la chance, et de la patience.

Cela semble si simple ! Il parcourt les photos que j’ai imprimées pour qu’il nous en raconte l’histoire, et le voilà en train de se promener au cours de la deuxième moitié du siècle dernier entre souvenirs de jeunesse, stars du cinéma et moments clés de l’histoire du monde

Il se souvient de chaque cliché.

Il finit par admettre qu’il était au bon endroit au bon moment quand il immortalise Nixon qui pointe du doigt Kroutchev en 1969

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Se souvient de cette image qui a fait le tour du monde : un couple qui s’embrasse dans un rétroviseur, là, au bout de Sunset Boulevard, face à l’océan, endroit r^evé pour tous les amoureux. 

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Evoque sa proximité avec la famille Kennedy, de cette image lors de la convention de Los Angeles avant l’élection jusqu’à son accréditation en tant que photographe officiel de la maison blanche après l’élection.

Marylin bien sur, à qui il a dédié un livre, et qui le laissait évoluer dans son environnement en acceptant qu’il saisisse des moments uniques où elle est si détendue, abandonnée non pas à la caméra qu’elle ne sent plus  mais à un moment de plénitude.

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Il aime les villes, New York si vivante, pleine d’énergie, dans laquelle il aimait, et aime encore, se promener avec son appareil photo.

Il est drôle, et tout se lit dans ses yeux quand il fait une plaisanterie à laquelle je ne m’attendais pas.

Pour cette photo de chien, ces quatripèdes qu’il aime tant et qu’il a beaucoup photographiés.

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Et mieux encore, pour cette image si forte qu’elle en est choquante.

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Et pourtant, non content de garder son sang froid à son évocation , il raconte ….

Et on voit ses yeux qui pétillent !

Quant au digital, il ne passera pas par lui.

Pas de smartphone, le compte Twitter qui porte son nom ne lui appartient pas , et les ordinateurs : ils ne l’aiment pas.

Mais le vrai moment fort de cette rencontre est du au hasard : ce hasard qui m’a poussée à imprimer une photo dont je ne connaissais pas le secret, que j’ai découvert au moment où je lui montrais, la première de toute une pile d’images imprimées au gré de mes recherches.

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Tout au début de l’interview, quand il saisit la photo, l’observe, et raconte qui sont les protagonistes de cette image…

Il a gardé en tête tout au long de l’interview, et c’est sur une image émotion que se finit l’entretien, avec ses proches, et surtout sa fille, qu’il cherche pour la faire revenir et lui montrer ce cliché sans doute oublié.


Autant vous dire que j’aurais pu rester là des heures à l’entendre voyager dans ses souvenirs au fil des images.

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J’ai aimé le laisser redécouvrir cette photo avec sa fille, et finir par une photo de nous deux que je garderai très précieusement.

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Alors, si vous l’aimez autant que moi, allez découvrir ses clichés au 1er etage de La Hune, et offrez vous un des merveilleux livres, reflets de la diversité de son oeuvre.

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Vous pouvez aussi découvrir ses images au Salon de la Photo où il est exposé avec son ami photographe italien Gianni Berengo Gardin.

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La Hune

16-18 Rue de l’Abbaye, 75006 Paris
Téléphone :01 42 01 43 55

 

 

 

FIAC, hors les murs et OFFicielle

La Fiac , Foire Internationale de l’Art Contemporain, est multiformes.

Tout d’abord, il y a le Grand Palais, le lieu central qui accueille des galeristes du monde entier.

Puis on a la partie Hors les murs, qui envahit les jardins : Tuileries, Jardin des plantes, Place Vendôme et Berges de Seine.

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Le jardin des Plantes par exemple :

Rendez-vous désormais incontournable, le parcours s’articule autour des thématiques d’actualité que sont la nature et l’environnement, cette année dans la perspective de la Conférence sur le Climat à Paris. Les passerelles ainsi créées entre sciences naturelles et art contemporain sont nombreuses et permettent aux oeuvres exposées de s’intégrer complètement dans le décor ou au contraire d’y offrir un surprenant décalage.

Cette 5e édition n’a rien à envier aux précédentes : avec une vingtaine d’oeuvres réparties sur des sites emblématiques du Jardin des Plantes, le parcours est cette année encore luxuriant ! La richesse des sites et des collections du Muséum a été une source d’inspiration pour les artistes, et l’on pourra notamment découvrir des oeuvres originales, créées spécialement pour l’occasion.

Ensuite, il y a la FIAC OFFicielle, qui elle se tient à la Cité de la Mode et du Design.

Enfin,  il y a tout le reste, parcours et animations en marge de la FIAC, comme ce parcours sonore à la maison de la Radio.

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Ou encore le Parcours Saint Germain, à Saint Germain des Près.

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Il fête ses 15 ans ! Pour cette édition anniversaire, les boutiques, cafés, hôtels et institutions culturelles du quartier de saint-Germain accueilleront des projets artistiques autour du thème Poésie de la matière. le Parcours renoue avec l’histoire de saint-Germain-des-Prés, quartier traditionnellement au coeur de la vie culturelle parisienne. cette année encore, le Parcours saint-Germain renouvelle son partenariat avec la Fiac et invite de nombreux artistes au coeur des boutiques du quartier.

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Vous pourrez donc admirer les oeuvres de tous ces artistes pendant votre shopping du weekend !

Sambre // Place Saint-Germain-des-Prés
Sheila Hicks // Louis Vuitton 
Alan Goulbourne // Les Deux Magots
Franck Scurti // Café de Flore 
Charlotte Charbonnel // Gerard Darel 
Romain Sarrot // Shu Uemura 
Keen Souhlal // Burberry 
Laurent Pernot // Moncler 
Leonora Hamill // Etro 
Sara Favriau // Brunello Cucinelli 
Morgane Tschiember // Longchamp 
Thomas Tronel-Gauthier // Heschung

Et puis il y a la Maison Guerlain, qui participe depuis de nombreuses années en accueillant une exposition dans la superbe boutique des Champs Elysées. Cette année, l’exposition est intitulée  » Le Genre Idéal  » . Elle se déroulera du 16 octobre au 13 novembre, et accueillera des oeuvres d’artistes aussi célèbres que Jean Cocteau, David Lachapelle ou encore Pierre & Gilles.

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Et même La Vache Qui Rit s’en mêle puisqu’elle présentera pour l’occasion une boite collecter créée par Thomas Bayrle dans la série des boites collector revisitées par des artistes contemporains depuis 2014.

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Et le 22 octobre, jour d’ouverture de la Fiac, la galerie Air de Paris, 32 rue Louise WEISS dans le XIIIème consacrera une soirée spéciale à la boite et à l’artiste, en sa présence.

Vous l’aurez compris, la FIAC envahit Paris, et est un catalyseur pour un nombre d’évènements artistiques dans la ville. Pour cela, nous devons lui être reconnaissants je crois. Quand à payer 40€ pour aller voir des oeuvres habituellement exposées dans des galeries ouvertes à tous, dans le monde, pourquoi pas. Il faut cependant que la sélection soit d’une qualité unique et indiscutable. Cela n’a pas toujours été le cas à mon avis,  et je dois reconnaitre que ce coût me semble exorbitant comparé à la richesses de la proposition artistique disponible à Paris, pour des tarifs nettement plus accessibles, voire même gratuitement si on prend le temps de partir à la découverte des nombreuses galeries de la Capitale.

Mais cet avis n’engage que moi bien sur !

La FIAC – du 22 au 25 octobre, et la Fiac OFFicielle du 21 au 25 octobre

Grand Palais de 12h à 20h.
Nocturne le vendredi 23 jusqu’à 21h.

Billet combiné Fiac et OFFICIELLE, 40 €
Tarif réduit* 20 €

Hors les murs : gratuit et accès libre

Jardin des Tuileries 
Jusqu’à novembre 2015
Tous les jours de 7h30 à 19h30

Jardin des Plantes
Jusqu’à novembre 2015
Tous les jours de 10h à 17h

Place Vendôme
Jusqu’à novembre 2015
Tous les jours

Berges de Seine
Jusqu’à novembre 2015
Tous les jours