Défilé Christian Lacroix
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’honneur, le bonheur, la joie d’assister à un défile de Christian Lacroix. Et pour cause, il n’évolue plus directement dans l’univers de la mode depuis 2009 déjà. Comme le temps passe !
Et pourtant, c’est arrivé… Ca m’est arrivé ! Je l’ai rencontré, je lui ai parlé, et j’ai assisté à son défilé !
Défilé Christian Lacroix – le contexte
Nous sommes au Havre dans la salle des fêtes de l’hôtel de Ville.
C’est ici que se déroulera le défilé » Christian Lacroix + Le Grenier + les élèves des lycées Jules Le Cesne et Jeanne d’Arc » dans le cadre Positive Economy Forum organisé tous les ans au Havre. #LHFORUM16
Ce forum de l’économie positive doit son existence à Jacques Attali, et son groupe Positive Planet (anciennement PlaNet Finance), né d’une conviction : la nécessité de restaurer la priorité du long-terme dans nos décisions et actions.
Ce défilé s’inscrit admirablement dans cette démarche puisqu’il s’appuie sur des acteurs qui oeuvrent au quotidien pour aider ceux qui en ont besoin dans la construction de leur avenir.
Défilé Christian Lacroix – les acteurs
Le nom du défilé cite à lui tout seul l’ensemble des intervenants.
Le grenier : qu’est ce que c’est ?
Il s’agit d’un chantier d’insertion de collecte, recyclage et vente de vêtements. Il assure l’accompagnement de 54 personnes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle.
Il fête cette année ses 15 ans, et c’est là que Christian Lacroix a puisé sa matière première pour créer les tenues du défilé.
Le lycée Jules Le Cesne : c’est de cet établissement que viennent les 27 élèves de Première Mode qui ont réalisé les tenues conçues par Christian Lacroix et son équipe.
Certaines d’entre elles ont également défilé, pour celles qui le souhaitaient.
Christian Lacroix : couturier de renom qui a marqué notre mémoire avec ses défilés colorés, inspirés par la Camargue, la corrida et les traditions gitanes, il a généreusement accepte de donner de son temps et d’accompagner ce superbe projet.
Une fois encore il nous étonne avec un projet innovant, si différent des précédents.
Défilé Lacroix – l’entretien
C’est donc une heure avant le début du défilé que je le rencontre dans les coulisses du show.
Tout est en place, comme pour un des défilés dont il a tellement eu l’habitude quand son univers était la haute couture parisienne.
Maquilleuses, coiffeuses, mannequins fébriles en plein préparatifs.
Et les tenues accrochées, photographiées sur leur modèle avec le nom qui est associé.
Mais les mannequins cette fois sont bien différentes des professionnelles aguerries qui arpentent les podium parisiens
Aujourd’hui ce sont des personnes comme vous et moi : lycéennes, membres de l’association LE Grenier, elles vivent là leur première expérience de mannequin !
Et alors qu’elles se préparent, Christian Lacroix accepte de répondre à mes questions.
Avant de le rencontrer, on m’a briefée : « il ne faut pas que je lui pose plus de 2 questions, le temps presse, le stress monte, le maître à besoin de calme ! »
Alors je lui dis d’emblée que je ne le retiendrais que quelques minutes. Mais il balaye le sujet d’un revers de main, calme et detendu et me dit avec le sourire :
« ne vous inquiétez pas, de toutes façons je ne sais pas faire court »
Et c’est parti !
Quand je lui demande ce qui l’a poussé à participer à ce projet.
« Ah, la réponse à cette question seule est déjà bien longue ! »
Quand il a quitté la mode il s’est tourné vers le caritatif par son attachée de presse, fidèle membre de la tribu depuis ses débuts.
Il a accompagné sa démarche en parrainant certaines actions.
» Mais je ne voulais plus » vivre par procuration » , j’avais envie de terrain «
Alors cette expérience avec le grenier lui a permis de « venir au contact ».
Il a eu de multiples expériences depuis son départ de l’univers de la mode.
Chaque expérience acceptée faisait écho à quelque chose de personnel et de profond.
« J’ai fait des trains parce que mon grand père était cheminot »
« J’ai toujours trouvé les hôtels si romantiques, c’est pour ça que j’en ai décoré autant «
Il décrit cette expérience avec Le Grenier :
» Nous avons pris des dizaines de pièces, puis nous avons créer en assemblant, en modifiant »
Il tend la main pour montrer une robe » ici, ce sont les manches que nous avons remplacées »
Et cette expérience avec le grenier ne sera pas la dernière.
Il veut qu’elle perdure pour qu’elle garde du sens.
Le grenier fait écho à sa passion du vêtement en tant que reflet de son époque.
« Quand je suis arrivé au grenier c’était comme si la mode de 2015/ 2016 s’ était figée là «
Pas de pièces poussiéreuses et hors d’état mais des vêtements parfaitement réutilisables.
« J’ai d’ailleurs pris plusieurs choses pour moi «
Quand je lui demande ses projets à courte échéance, il me parle de cette passion de toujours qu’il a pour le théâtre, les costumes et les décors.
Cette année donc, plusieurs projets dans ce domaine qu’il affectionne tant : les costumes de la version ballet du Songe d’une nuit d’été à l’Opera Bastille, les costumes et décors d’une production de la comédie française mise en scène par Isabelle Nancy .
Et puis aussi Le Théâtre des Champs Elysées avec Podalydès comme metteur en scène.
Et c’est là qu’il se livre encore :
« Quand je vois mon nom sur les affiches de l’Opéra ou de la Comédie Française, il faut que je me pince pour réaliser que c’est moi «
La prochaine expérience il l’attend, il sait qu’elle sera nouvelle et différente encore, et ce ne sera pas la mode.
Avec le théâtre et l’Opéra, ces rêves d’enfant se réalisent.
Rien n’est plus beau qu’un rêve d’enfant qui se réalise.
Tout particulièrement quand cet enfant a du génie.
Je lui souhaite autant de bonheur et de joie possible, et je vous livre les images de ce défilé extraordinaire d’émotion et de beauté. Jamais mannequins n’ont été si investis, si concentrés, si émues, certaines aux larmes, comme les spectateurs d’ailleurs.
